Stratégie de rénovation énergétique du bâti wallon Il y a du pain sur planche… mais on s’y met (timidement) !
Dire que la politique énergétique actuelle est en pleine évolution touche à l’euphémisme. C’est d’ailleurs plutôt de révolution qu’il faudrait (enfin) parler. Il était temps… mais il n’est pas trop tard. Il n’est pas trop tard, mais quel travail !
L'ampleur du chantier est en effet immense pour appliquer la Directive Efficacité Energétique 2012/27/EU qui contraint les différents Etats membres de l’Union à se lancer dans une vraie poli-tique énergétique à un horizon plus si lointain que cela. Et oui, il leur faudra tôt ou tard mettre en œuvre une série de mesures importantes qui vont couvrir le très large spectre d’une politique énergétique globale nécessaire. Explications…
Réduire les émissions de GES
Il faut réduire les émissions de gaz ! Bon, nous n’y reviendrons pas, le constat est maintenant (bien) connu. Le consensus est d’ailleurs général s’agissant de la nécessité de réduire les émissions de GES (gaz à effet de serre) et, plus prosaïquement pour les entreprises, de maîtriser les consommations énergétiques et leurs coûts. Au-delà de ce constat, il est aussi une autre chose importante à comprendre. Désormais, et après une vingtaine d’années d’une politique énergétique incitative, nous entrons maintenant clairement dans un cadre réglementaire plus contraignant. C’est dans la logique des choses… même si, derrière le mot d’ordre général, il est question de contrainte !
Horizon 2050 !
Comprenez que cette fameuse directive traite aussi bien d’objectifs de diminution des consommations, avec au moins 1,5 % par an des ventes globales des fournisseurs (article 7), que de l’audit (article 8), le tout en passant par la politique d’achat du secteur public (article 6). On comprendra en lisant ceci qu’est également concernée la stratégie de rénovation du parc de bâtiments (article 4). D’ailleurs, cette stratégie nous a été récemment présentée par le Ministre Lacroix, elle se profile, dit-on, à l’horizon 2050 !
Trente ans pour s’y mettre
Avec un horizon à plutôt long terme donc - plus de trente ans, en fait - la stratégie de rénovation du parc de bâtiments en Wallonie n’est pas un chantier qui va être entamé dans les deux ans, on s’en doute. Il n’empêche, c’est un dossier qui nous concerne tous, ne serait-ce que parce que nous sommes pour la plupart propriétaires. Et, quoi qu’il arrive, il faudra y passer ! Pour cela, on va commencer par l’étape de caractérisation synthétique du bâti dans la mesure où l’on sait qu’environ trois logements wallons sur quatre ont été construits il y a plus de trente ans.
Chantier de grande ampleur
Ensuite, et ensuite seulement, il faudra alors nécessairement passer par une identification des approches rentables de rénovation, avec des questions précises quant à la meilleure manière de se lancer dans ce chantier de (très) grande ampleur. Une fois ceci décidé, il faudra alors - mais avec quels financements ? - mettre une politique en œuvre - et des mesures ! - visant à stimuler la rénovation (passer de 1 à 3 % par an), le tout sur base d’une orientation pertinente pour guider les investissements.
80.000 postes !
Ajoutons que si l’objectif final est bel et bien d’aboutir d’abord à des économies d’énergie, le gouvernement compte bien que ce ne sera pas là le seul bénéfice de l’opération. Les experts attendent que cette stimulation à l’investissement génère une dynamique d’entraînement, comme un effet de levier économique, par l’encouragement de l’emploi d’une main-d’œuvre locale, le développement de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités. Nos Autorités avancent même certains chiffres précis, le potentiel de création nette d’emplois pourrait, selon elles, approcher les 80.000 postes.
Améliorer aussi la vie des individus
À terme, cette politique ambitionne bien sûr, ça ne vous aura pas échappé, d’atteindre l’indépendance énergétique. Mais au-delà de cette indépendance si utile, elle contribuera aussi - même marginalement - à l’amélioration de la qualité de vie des individus, avec même quelques effets bénéfiques sur la santé. Pour tenir compte d’un contexte qui évoluerait avec le temps, il est d’ailleurs prévu de revoir périodiquement (tous les 3 ans) l’ensemble de la stratégie en question pour l’adapter.
Passer du label F au label A !
En pratique, les mesures présentées et attendues visent à tendre autant que faire se peut - et en moyenne ! - vers le label énergétique PEB A. Une fameuse gageure s’il en est, surtout quand on sait que la moyenne PEB actuelle stagne plutôt autour du F ! Maintenant, il ne faut pas rêver non plus : le label A n’est pas un objectif techniquement et/ou économiquement raisonnable pour tous les biens répertoriés sur notre sol. Cela étant, et bien qu’il s’agisse d’une moyenne vers laquelle tendre, il est quand même prévu, à partir de la situation énergétique du bâtiment (passeport bâtiment), d’établir une feuille de route spécifique à chacun précisant les étapes à entreprendre. Un guichet unique orienterait alors les personnes dans sa mise en œuvre. Et, à chaque étape, le passeport serait mis à jour permettant de mesurer les gains énergétiques réalisés.
Une stratégie qui doit concerner tout le monde…
Pour conclure, la politique de subvention adossée sera cadrée dans l’audit. Autrement dit, les primes devraient être délivrées si un audit certifie la pertinence de l’investissement. Une incitation fiscale sera également attendue, probablement au travers des droits d’enregistrement ou lors des donations/transmissions. Dans un même esprit pragmatique, cette stratégie préconise d’avoir un cadre clair transparent et stable pour assurer sa crédibilité sur le long terme. Les moyens se veulent coordonnés et ‘transcompétences’, impliquant donc tous les acteurs et tous les secteurs, on pense aux métiers de la construction, au secteur financier, pouvoirs publics… À bon entendeur !
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