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ITINERAIRE
Publié le 13 janvier 2023
ITINERAIRE
Publié le 13 janvier 2023

Au revoir et merci Madame la Directrice générale…

Salut Bernadette, et bon vent dans ta nouvelle vie ! 

On a coutume de dire que le temps passe et qu’il gomme tout. C’est sans doute vrai, même si les traces laissées par certains, qu’elles soient petites ou grandes, démontrent que leur engagement n’a pas été vain et que le présent a beau prendre le pas, la mémoire demeure… C’est ainsi qu’à la Chambre de commerce et parmi les membres, personne n’a oublié Bernadette Thény, celle qui restera, et pour toujours, notre Directrice appréciée. En cette fin d’année, quelques mois après son départ bien mérité pour la retraite, nous avons voulu lui faire un clin d’oeil, juste pour lui rappeler que nous pensons à elle et qu’elle reste bien plus qu’une simple amie.

Ah… Bernadette...

Connue de tous, connue partout, elle incarnait l’institution mieux que personne et, avouons-le, elle a laissé un peu de vide quand elle est partie… Ce départ, même si on a vite appris à le gérer, fut un vrai bouleversement pour nous… mais quel bouleversement aussi pour elle. Cette Chambre, c’était sa vie. Et les entreprises, comme les entrepreneurs, c’était son monde. Un monde qui s’est imposé à elle durant sa longue, très longue carrière. Pour que les choses soient claires et entendues, nous préciserons que Bernadette n’a quand même pas consacré toute sa vie à la Chambre. Qu’on se le dise, elle a aussi eu une vie privée. Elle a d’ailleurs deux filles, que beaucoup d’entre vous connaissent : Jennifer, l’aînée, qui a travaillé un temps à la Chambre, et Annaëlle, la seconde, que l’on croise souvent dans Libramont. Bernadette a aussi de beaux-enfants et cinq petits-enfants. Et puis, à ses côtés, et depuis plus de vingt ans, il y a une crème d’homme, reconnaissable à sa coiffure de sage, son époux, Louis Brasseur, le « roi du sapin ardennais ».

Mais revenons-en à Bernadette…

Si l’on osait, on vous dirait qu’à l’époque où Bernadette a commencé sa carrière professionnelle, la plupart des membres de la Chambre de commerce n’étaient pas nés, ou gambadaient encore en culottes courtes. Si l’on vous disait que le samedi soir, mini-jupe et longs cheveux blonds, la jeune Bernadette dansait dans les bals du Centre-Ardenne au son des premiers tubes de Johnny, de Stone et Charden, de Ringo et Mike Brant. Dans ces années-là, Chuck Berry faisait encore crisser sa guitare, Simon & Garfunkel étaient de jeunes gens, comme les Stones. Tout cela pour dire que Bernadette est arrivée à la Chambre de commerce à une époque aujourd’hui largement révolue que l’on appelle les Trente Glorieuses. C’était l’ère de tous les possibles… mais c’était aussi une époque difficile pour les familles nombreuses. Et Bernadette, justement, était parmi les aînées d’une grande fratrie. À l’époque, tout le monde ne faisait pas d’études. Et Bernadette n’a pas eu l’opportunité d’en faire de longues, comme ses plus jeunes frères et soeurs, devant se contenter d’un diplôme d’école privée, acquis quand même avec la plus grande distinction. Ce fut sa référence pour se lancer dans la vie active. Elle avait seize ans.

Elle avait seize ans mais déjà une vraie assurance. C’est ainsi qu’elle se présenta spontanément à la Chambre de commerce, sans savoir s’il y avait un poste à pourvoir. Elle avait demandé à un vieux voisin de l’emmener de Petitvoir à Libramont, en se disant qu’il y aurait peut-être, là, du travail pour elle. Ambitieuse et sans peur déjà !

Elle commença donc par un poste d’assistante. On lui confiait des tas de missions, elle prenait et apprenait. Ce qu’elle fera d’ailleurs tout au long de sa carrière, et c’est là sans doute le secret de sa cette longue vie professionnelle. Imaginez quand même qu’il y a cinquante ans que tout ceci s’est passé.

Elle a en fait tout connu, tout vécu à la Chambre. Elle a fait des missions, s’est occupée des documents à l’export, de clubs, elle a géré des projets, suivi des entreprises. On l’a dit, elle prenait les tâches et missions qu’on lui confiait et apprenait au quotidien. Elle était aussi une grande spécialiste des dossiers ramenés à la maison, qu’elle faisait le soir, une fois les filles couchées, ou le weekend. Vous l’avez compris, Bernadette s’est largement donnée pour son travail, pour la Chambre. Elle innovait, proposait, faisait, refaisait, y compris les toasts à la Foire agricole ou servir des bières après les séances du CA.

Elle a connu plusieurs directeurs, et de nombreux présidents. Elle a vu défiler les collègues, elle a accompagné les membres de nos équipes. Elle a vécu les belles histoires de la Chambre, les beaux moments, les ‘teambuildings’, les fêtes d’équipe, mais elle a aussi partagé les choses moins gaies, les drames humains que nous avons connus. Bref, ce furent cinquante années intenses…

Petit à petit, les tâches qui lui ont été confiées se sont également faites plus stratégiques, plus spécifiques. Au tournant des années 2000, le directeur général a tenu à lui montrer sa confiance en la nommant directrice des relations entreprises, un poste qu’elle occupait de facto depuis longtemps… mais qui a, alors, pris la forme d’une vraie reconnaissance, d’un statut. C’était un premier diplôme… et elle s’est immédiatement moulée dans la fonction, étant à la fois le regard neutre dont son patron avait besoin, l’oreille de l’équipe, et la confidente de ceux qui rencontraient des soucis.

Vous l’aurez compris, durant toute sa carrière, Bernadette a démontré à foison qu’il ne faut pas nécessairement faire des études supérieures pour être intelligent, efficace, attentif aux autres, réfléchi, courageux. Non, et beaucoup d’entrepreneurs le savent, il ne faut pas faire d’études supérieures pour être combatif, audacieux et impliqué.

En 2008, le Conseil d’administration l’a bien compris, quand il lui a confié la tâche de direction. Pour elle, ce fut une sorte de bâton de maréchal, le Graal. Elle tenait sa revanche sur les modestes conditions de sa prime jeunesse. Et elle a donc poursuivi son engagement, continué à s’investir. Vous en connaissez beaucoup, vous, qui appellent les ministres par leur prénom et leur sonnent le week-end ou en soirée. Elle, si.

Bernadette ne comptait pas ses heures, son  objectif était de toujours y arriver. Elle a d’abord recentré les services de la Chambre de commerce sur toutes les entreprises, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes. Et puis, elle a travaillé avec son Comité de direction aux finances de la Chambre. Il faut bien dire qu’à ce moment-là, la situation financière était compliquée et chaque euro comptait. Elle a donc pris son bâton de pèlerin et est allée voir tous les partenaires de la province avec qui elle voulait travailler, et ce en toute confiance. Elle est aussi allée voir tous les députés provinciaux pour mieux faire connaître la Chambre de commerce et faire entendre la voix des entreprises. Elle est enfin allée voir différents ministres, pour défendre avec conviction les doléances et problèmes des entrepreneurs afin d’obtenir des subventions pour renforcer les services de la Chambre, histoire évidemment d’aider davantage les PME. Toutes ces tâches, elle les a menées avec habilité et conviction, appuyée, secondée et entourée de son Comité de direction interne, un comité qui lui faisait confiance tout comme les différents présidents et le Conseil d’Administration.

Un petit bout de femme, mais aussi une grande dame. Quelqu’un qui aime et que l’on aime. Quelqu’un qui a consacré sa vie professionnelle, venons-y, aux entrepreneurs et aux entreprises, aux patrons, aux managers, aux directeurs… mais qui s’est également intéressée à chacun et chacune dans nos entreprises. Quelqu’un dont le numéro de téléphone pouvait recevoir les doléances et les félicitations. Pendant 50 ans !

En avril, on s’est dit qu’il devait bien y avoir un brevet ou un diplôme qui témoigne d’une telle longévité au travail. En téléphonant au ministère, une brave dame chargée de ce type de demande nous a pourtant expliqué que, non, rien n’est prévu pour 50 ans ! 45, oui… mais pas 50 ! « Cinquante ans ? C’est possible, ça… » s’est-elle même esclaffée !

Ben oui, c’est possible même, puisque Bernadette l’a fait. Toujours est-il que la dame du ministère nous a rappelés quelques jours plus tard en nous annonçant que notre Bernadette allait pouvoir prétendre au titre d’Officier de l’Ordre de Léopold, un insigne que l’Etat devait lui décerner lors de la prochaine proclamation, en novembre dernier. Pour l’heure, le brevet serait à la signature ministérielle, voire au Palais, et nous attendons ce précieux document et la médaille qui sied avec le titre. Comme déjà dit, Bernadette, ça vaut bien tous les diplômes…

Maintenant, il y a une vie après le boulot.

Nous la lui souhaitons belle et longue, avec ses amis, avec sa famille, avec « le » Louis, comme on dit à Bouillon. Bon vent, belles aventures, rappelle-toi qu’on a beau prendre tous les itinéraires, la famille reste la famille, et tu auras toujours ta place parmi nous ! 

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