Un entrepreneur éclairé doit faire des choix en matière d’investissement…
Comment bien s’y prendre, entre autres pour financer sa transition énergétique ?
La problématique de l’énergie, en 2022, touche l’ensemble de la population et augure de nouvelles habitudes, voire des changements radicaux, à appréhender pour l’avenir. En entreprise, ce que l’on appelle la transition énergétique, à savoir justement cette évolution dont on parle depuis longtemps et qui vire pour l’heure au démentiel, est une réalité qui s’inscrit comme l’un des défis majeurs à venir !
Reste donc pour les entreprises à se lancer en toute connaissance de cause et, surtout, en ayant pris soin de faire les bons choix d’investissement entre ceux qui touchent justement à cette énergie qui flambe… et tout le reste, si utile aussi dans une entreprise qui entend poursuivre sa croissance et/ou simplement arpenter le chemin du temps en bonne intelligence. Car un bon investissement pour l’un ne l’est peut-être pas pour l’autre, la problématique énergétique et ses coûts ne se substituant pas forcément à d’autres besoins plus pressants encore, plus stratégiques, ou carrément vitaux !
Rentabilité des projets, et des entreprises
Bon, on ne peut passer sous silence que de nouvelles données se sont imposées depuis quelques temps. En l’espèce, et ce n’est un secret pour personne, en un an, soit entre fin 2021 et la même période en 2022, les factures d’électricité et de gaz ont explosé, avec encore le mazout de chauffage qui a fait x2,2, le diesel qui a pris 40 % et le baril de Brent qui a flambé (+77 %) ! Dans ce contexte, et c’est tout sauf étonnant, la rentabilité de pas mal d’entreprises est rudement mise à mal. Car non seulement l’énergie intervient dans tous les maillons de la chaîne de production, mais elle a aussi un impact très fort sur l’inflation et, dans la foulée, sur la hausse des salaires et des prix des marchandises.
Choisir !
D’un côté, à l’instar de ce qui est vrai aussi pour les particuliers, bon nombre d’entreprises cherchent à réaliser des économies et à réduire leurs dépenses, alors que, de l’autre, ces mêmes entreprises - tous paramètres autres que l’énergie restant inchangés - se retrouvent à devoir augmenter leurs objectifs de vente pour rentrer dans leurs coûts. Il va sans dire que cela risque d’amener de la tension ici et là. Ce qui nous amène à penser que la solution, pour ces entités, réside dans le fait de réaliser des investissements permettant de limiter leur dépendance énergétique et leur ‘sensibilité’ aux variations des prix sur le marché. Mais comment choisir entre les différents investissements ? Pas simple… Pas simple même si, au-delà du côté technique des choses, il existe différentes méthodes pour comparer la pertinence des investissements à décider. Nous vous en proposons trois !
La valeur actuelle nette (VAN) vous dit tout !
La question qui se cache derrière cet acronyme est simple : « Est-ce que l’investissement est acceptable ? » Concrètement, la valeur actuelle nette d’un investissement est égale à la différence entre les flux nets de trésorerie actualisés qui seront générés par l’investissement à la date 0 et le montant du capital à investir. C’est très technique, mais c’est aussi la définition du mécanisme. Les flux de trésorerie sont la différence entre les rentrées et économies liées au projet et les coûts y afférant. Pour actualiser les flux, on va appliquer un taux d’actualisation qui va dépendre du niveau de rentabilité exigé par l’entreprise. Un investissement qui aura une VAN positive aura donc ainsi une rentabilité supérieure au taux de rentabilité exigé par l’entreprise, à savoir son taux d’actualisation. Il sera donc acceptable pour cette dernière. Mais prenons un exemple pour mieux vous expliquer… Supposons qu’une entreprise investisse 35.000 euros à l’instant T dans un outil non forcément nécessaire à la continuité de ses affaires, la durée de vie de l’investissement est de 5 ans et l’entreprise souhaite un rendement de 10 % sur cet engagement. Si l’investissement ramène un flux net de trésorerie de 10.000 euros par an, en valeur actualisée, cela donne un flux net de 9.091 euros la première année (10.000 euros / 1,10), 8.265 euros l’année 2 (10.000 / 1,10 exposant 2), 7.513 euros la troisième, 6.830 la quatrième et 6.209 la cinquième ! La somme des flux de trésorerie générés par l’investissement est de 37.908 euros, soit une différence positive entre les flux de revenus nets actualisés de l’investissement et le montant de l’investissement de 2.908 euros. Cet investissement a donc une VAN positive et est donc acceptable pour l’investisseur. Mais si l’investissement est acceptable, le résultat de ce calcul ne permet pas encore de juger cet investissement en le comparant à d’autres Pour faire cela, il faudra utiliser, l’indice de profitabilité et le taux de rentabilité interne…
L’indice de profitabilité et le taux de rentabilité interne vous aident à choisir entre vos investissements…
L’indice de profitabilité (IP) est un outil important qui permet de comparer deux investissements entre eux. Pour ce faire, on compare la VAN au montant de l’investissement.
La formule exacte divise la valeur actualisée nette par le montant de l’investissement + 1. Dans les faits, plus l’indice de profitabilité du projet est élevé, plus l’investissement est intéressant. Dans notre exemple, l’indice de profitabilité du projet est (2.908/ 35.000) +1 = 1,08. L’avantage de ce calcul est qu’il permet de faire des choix entre plusieurs projets, en tenant compte de la valeur investie. De son côté, le taux de rentabilité interne (TRI) est égal au taux d’actualisation permettant de rendre égal le montant du capital investi et le montant des revenus nets de trésorerie actualisés. Dans notre exemple, le montant de l’investissement (35.000 euros) va ramener des revenus nets de 10.000 euros par an pendant 5 ans. Si on applique un taux d’actualisation de 13,2 % à cet investissement, les 10.000 euros de flux de trésorerie dans un an ne valent plus aujourd’hui que 8.834 euros. Les mêmes 10.000, dans deux ans, ne valent aujourd’hui que 7.804 euros, ceux dans trois ans 6.893 euros, ceux dans quatre ans 6.090 euros, et ceux dans cinq ans 5.379 ans ; soit, si on additionne ces flux, très exactement le montant de nos 35 000 euros investis. En fait, le taux de rentabilité interne peut être comparé au taux de rentabilité exigé par l’investisseur et, dans notre exemple, l’investissement ramène 13,2 % de rentabilité contre les 10 % minimum souhaités par l’investisseur. L’intérêt de la formule est cependant surtout de pouvoir comparer ce taux à celui d’autres projets pour faire des choix éclairés et rentables !
Le délai de récupération du capital investi : l’investissement n’est-il pas trop risqué ?
Contrairement aux autres calculs, qui permettent de mesurer la rentabilité, le délai de récupération du capital investi va quant à lui permettre de mesurer le risque du projet. En l’espèce, plus le temps de récupération du capital investi est court, moins il y a de risque ! Pour calculer ce temps de récupération, on va comparer le montant de l’investissement aux flux de trésorerie qui seront générés dans le futur suite à l’opération (flux qu’on devra actualiser également). Revenons une fois encore à notre investissement de 35.000 euros, qui va ramener un flux de trésorerie net de 10.000 euros par an pendant 5 ans. Les 10.000 euros, la première année, valent, si on les actualise à 10 %, 9.091 euros aujourd’hui, c’est-à-dire pas tout à fait les 35.000 euros investis. La deuxième année, ils valent, si on les actualise à 10 %, 8.264 euros. Ce qui fait, si l’on tient compte des deux années (9.091 + 8.264 = 17.355 euros), soit pas encore les 35.000 euros investis. Dans notre exemple, il faudra attendre la cinquième année pour récupérer le montant de l’investissement. Cette durée doit être comparée à celle d’autres investissements potentiels si l’on veut comparer le risque des projets.
Faire un choix raisonné… puis le financer
Pas simple ces calculs, n’est-ce pas ? Concrètement, de telles formules sont complexes au premier abord… mais elles s’expliquent aisément si l’on se penche un peu sur les hypothèses. En général, la plus grosse difficulté réside dans le fait d’obtenir des informations fiables quant aux flux de trésorerie qui seront générés par l’investissement dans le futur car une fois le choix opéré entre les projets, il restera encore à le(s) financer !
Plus d'infos
Service d’accompagnement financier : Benoît Lescrenier
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